Faites la connaissance de
Sarah L Manley Robertson
À quoi attribuez-vous vos plus grandes réussites professionnelles?
Un volet de mon parcours de carrière est de définir et de redéfinir ce qu’est une réussite. Au fur et à mesure que j’apprends et que je réussis, je fais le ménage : je me débarrasse de ce qui est devenu insupportablement lourd ou qui ne correspond plus à ce que je souhaite, et je fais de la place aux possibles.
Je crois en mes capacités. Elles sont ancrées dans l’expérience, façonnées par mon attitude selon laquelle je peux réaliser ce que je visualise. C’est ma croyance fondamentale, cette assise inébranlable et indestructible qui soutient mes décisions, mes émotions, mes actions. Maintenant, j’apprends à définir mes intentions; à chercher à m’épanouir de façon plus intentionnelle et à découvrir ce qui m’attend ensuite, dans ce poste et au-delà.
Pour moi, apprendre est aussi naturel que de respirer. J’aspire à vivre dans un esprit de croissance. Je crois que nous pouvons améliorer nos forces, développer de nouvelles compétences, de nouveaux comportements. C’est pourquoi je réponds toujours oui. Oui aux projets, aux postes ou aux expériences de vie qui amplifient mes forces et déclenchent ce feu au fond de mon ventre (okay, peut-être que c’est la dopamine).
Qu’aimeriez-vous dire aux futures générations de femmes à propos de leur voix et leur leadership?
Votre voix compte, lorsqu’elle est authentique.
Assurez-vous de connaître votre identité. Pour reconnaître mes valeurs, il m’a fallu porter attention à des croyances et comportements persistants qui, chaque fois, suscitaient chez moi des réactions quasi viscérales : par exemple, le fait d’être attirée vers les personnes persévérantes (ma mère appelait ça mon penchant pour la ténacité) ou d’être en transe lorsque je décortique une situation complexe et que j’apprends au fur et à mesure que j’avance.
Assurez-vous de préserver votre équilibre. Je ne parle pas de l’équilibre qui désigne le plan horizontal binaire d’une bascule ou d’un métronome. Je parle de cet équilibre ancré, complet et englobant qui résulte de votre investissement dans toutes les sphères de votre vie. Je travaille encore à l’atteindre. Je crois que de l’admettre et de toujours aspirer à cet équilibre est une des choses qui fait de moi une bonne leader. Je parle aussi de la capacité à moduler ses émotions pour éviter qu’elles partent en montagnes russes. Un mentor m’a dit un jour : « Les choses ne sont jamais aussi bonnes ni aussi mauvaises que tu le crois. » Habituellement, elles se situent quelque part au centre des deux pôles.
L’authenticité naît là où les valeurs et l’équilibre se rencontrent.
Quel est le rôle d’un leader dans la création d’une culture?
La culture organisationnelle est l’aboutissement de la stratégie, de la structure, des systèmes, des récompenses et des gens – tous les gens : contributeurs particuliers, stagiaires, gestionnaires de ressources humaines, cadres. La culture est donc créée par toutes les personnes qui composent l’organisation. Les leaders, quant à eux, la favorisent et la concrétisent.
Les leaders favorisent la culture en tenant compte de ce que disent les autres (clients, partenaires, fournisseurs, membres du public) sur l’organisme. Ils prennent des mesures qui confirment ces points de vue, les transforment au fil du temps ou encore ils remodèlent la culture pour qu’elle réponde à ces attentes.
Les leaders concrétisent la culture par l’action. Les humains sont programmés pour survivre : tout faire pour plaire ou satisfaire en réaction à leurs leaders. Lorsque je reconnais les efforts de mon équipe, elle en fait plus; elle agit pour me plaire. Parallèlement, lorsque je m’attarde aux résultats, l’équipe met les priorités aux bonnes places. Lorsque je pose des questions plus complexes, elle prend le temps d’y réfléchir. Lorsque je surveille de près le déroulement des tâches, les membres de l’équipe produisent une tonne de « trucs » aléatoires; ils agissent pour me satisfaire (tout pour qu’elle me laisse en paix). Chaque action et chaque réaction, à mesure qu’elle se perpétue dans le temps, crée une culture de création, de contrôle, de concurrence ou de collaboration.
Les leaders s’ajustent au souffle de l’organisation. Quand expire-t-elle? Autrement dit, quand vous laisse-t-elle créer, mener votre équipe depuis la poupe et lui accorder de l’espace? Quand inspire-t-elle, c’est-à-dire, quand se prépare-t-elle au pire et vous force-t-elle à mener votre équipe depuis la proue?
Quel conseil donneriez-vous à une personne qui envisage de suivre vos traces dans le secteur pharmaceutique?
Dans n’importe quelle profession et n’importe quel secteur, une carrière se fonde toujours sur les gens : des gens qui apprennent, s’épanouissent; des gens qui interagissent (et réagissent, dans leurs moments de faiblesse). Une carrière dans l’industrie pharmaceutique se fonde toujours sur des gens qui exploitent la science pour aider d’autres gens. Observez les gens. Cherchez à comprendre le parcours du patient. Renseignez-vous sur les styles sociaux et acceptez les avantages de cette diversité naturelle.
Apprenez le métier. Plongez-vous entièrement, pas qu’à moitié. J’ai fait un quart de travail au service d’emballage (en suivant les BPF, évidemment). J’ai participé aux groupes de discussion. J’ai lu les revues médicales. J’ai observé les panneaux publicitaires. J’ai suivi la formation en ventes et je me suis investie dans le jeu de rôle. J’ai accompagné des vendeurs en formation sur le terrain. Je possède des exemplaires du DSM-5, des ouvrages du CPS et de Dorland’s. J’ai visité l’entrepôt. J’ai appris à analyser les pertes et les profits.
Exploitez vos forces. J’aime me trouver devant un gros problème épineux : plus c’est compliqué et complexe, mieux c’est. Je cherche des occasions de faire profiter mes collègues de ma nature solutionniste, de les aider à découvrir et à démêler des racines entrelacées. Ça m’apporte un sentiment d’accomplissement, une raison d’être, en plus de l’assurance d’avoir accompli mon rôle. Et en plus, ça me crée des alliés.
Bâtissez vos réseaux. Abordez plusieurs personnes. J’ai travaillé avec plusieurs coachs dans différents buts, à des étapes différentes de ma vie. Certains étaient des pairs, d’autres, des professionnels agréés. J’ai été mentorée : j’ai eu de nombreux mentors qui étaient là depuis plus longtemps que moi et avaient une plus grande expérience. Je m’intéresse aux réalisations des autres, aux étapes importantes qu’ils franchissent. Je pose des questions à ceux et celles dont les forces sont complémentaires aux miennes. Je cherche un mentor moins expérimenté que moi.
Je crois en votre force. Je crois que vous êtes un moteur de changement.