Faites la connaissance de
Milva D'Aronco
Quel est le plus grand défi auquel sont confrontées les femmes leaders dans notre industrie aujourd’hui et comment le surmontez-vous?
Avant la COVID-19, j’aurais dit que les plus grands défis auxquels sont confrontées les femmes dirigeantes sont l’égalité des sexes et les préjugés inconscients. Depuis cet événement, je vois un grand nombre de femmes touchées par les changements que les fermetures d’usines, l’éloignement social et le travail à domicile ont apportés dans nos vies. Selon mon expérience et les commentaires de mon entourage, l’impact est plus important sur les femmes que sur les hommes. Le plus grand défi auquel toutes les femmes sont confrontées aujourd’hui est de veiller à ce que leur santé et leur bien-être soient au premier plan de leur vie quotidienne. Bien que nous ayons encore du mal à trouver un « nouveau » sentiment de normalité, nous devons veiller à faire de notre bien-être mental une priorité dans la réalité actuelle.
Quel est le cadre de leadership ou d’affaires qui vous aide le plus souvent à diriger efficacement?
Le cadre que j’utilise pour diriger efficacement est l’authenticité; rester fidèle à ce que je suis en tant qu’individu et à ce que je suis devenue en tant que dirigeante permet d’assurer la cohérence et d’éviter les déconnexions. Je suis connue pour être passionnée, engagée, honnête (peut-être un peu trop!!!) et courageuse. Dans ce cadre, j’aborde le leadership de manière holistique : diriger des personnes, diriger des entreprises et, enfin et surtout, « me diriger moi-même ».
Lorsque je dirige des personnes, mon premier objectif est de leur donner des orientations à court et à long terme. Mon rôle en tant que « coach d’équipe » est de stimuler les forces et les capacités de chaque personne, de s’attaquer à ses faiblesses et de l’aider à combler les lacunes en matière de capacités et de connaissances. Constituer une équipe, c’est créer un environnement sûr où la confiance est la pierre angulaire de l’engagement à atteindre des objectifs communs. Diriger une entreprise, mener la stratégie et favoriser la culture sont des composantes inhérentes de mon leadership. Les entreprises ont besoin d’agents de changement, de leaders, pour amorcer, conduire et soutenir le changement; c’est un rôle que j’assume.
Pour diriger efficacement, je ne peux pas renoncer à me diriger moi-même. Au contraire, vous devez affirmer que vous, la personne, êtes le pivot d’un leadership réussi. Nous devons comprendre quelle est notre place au sein d’une entreprise structurée, quel est notre rôle et quelles sont nos responsabilités. Diriger efficacement, c’est trouver l’équilibre entre ces trois éléments grâce à l’authenticité.
Quelle est la tendance dans l’industrie pharmaceutique et des sciences de la vie qui n’attire pas suffisamment l’attention?
Encore une fois, avant, ma réponse aurait probablement été différente. Aujourd’hui, je crois que la société en général et notre industrie en particulier sont en train de vivre un changement majeur dicté par la pandémie. Je regarde comment nous avons consulté notre médecin de famille au cours des six derniers mois : par téléphone ou par vidéoconférence. Mes enfants et mon mari sont atteints de maladies auto-immunes, mais aucun d’entre eux n’a été reçu en consultation pour un bilan de santé, et cette situation risque de perdurer pendant encore 6 à 12 mois. Est-ce que ce sera la nouvelle norme? Je pense que ce ne sera plus jamais comme avant; je suis plus encline à penser qu’il y aura une « nouvelle normalité » probablement différente.
Comment les médecins établiront-ils leur diagnostic si les consultations par téléphone ou vidéoconférence deviennent la norme? Comment les informations médicales transmises par les entreprises pharmaceutiques aux parties prenantes devront-elles être modifiées en fonction de cette nouvelle approche médicale? Et ce n’est que la pointe de l’iceberg : De nouveaux outils de diagnostic virtuel verront-ils le jour? La recherche et le développement connaîtront-ils une nouvelle évolution? Le travail à domicile deviendra-t-il une nouvelle norme? ...
Alors que nous nous dirigeons vers une ère post-COVID, l’industrie pharmaceutique doit davantage en tenir compte. Elle doit donner la priorité à l’analyse de ce qui s’est passé au cours des derniers mois, à l’anticipation de l’avenir et à la définition des mesures à prendre pour demeurer aussi pertinente.
Comment répartissez-vous votre temps et votre énergie sur le plan professionnel?
Je crois en l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée, avec une réserve : J’en ai ma propre interprétation. Mon équilibre de vie commence par « mon équilibre » et provient de quelques éléments nécessaires. J’ai besoin de dormir, de bien manger, de méditer à l’heure du coucher, de m’isoler (30 minutes par jour au minimum, même s’il s’agit simplement de lire, d’écouter un balado ou une conférence TED) ou de faire de l’exercice trois fois par semaine. Ensuite, je peux m’attaquer à presque tout.
Est-il possible de tout avoir tout le temps? Non. Il faut alors gérer les priorités. Lorsque je m’occupais de finances d’entreprise, les fins de mois étaient pénibles, les fins de trimestre étaient pires et les fins d’année étaient une véritable torture. Je le savais et j’ai adapté mes besoins en conséquence. Je sais que le sommeil est indispensable, je peux faire d’autres compromis, mais je tiens à dormir.
Mon équilibre professionnel repose sur mon « équilibre personnel » et s’appuie fortement sur la gestion des priorités et des attentes. Je dois établir les priorités pour réduire mon niveau de « stress personnel ». Il est tout aussi important de gérer les attentes. Lorsque des imprévus surviennent à la maison ou au travail et qu’il faut faire des concessions, je me fais un devoir de les communiquer pour m’assurer d’être juste. À ce stade de ma vie, mon horaire de travail est flexible : Je travaille parfois la fin de semaine ou le soir pour venir à bout de la charge de travail et tenir compte de plusieurs fuseaux horaires.
Quel est votre livre préféré sur le leadership et pourquoi?
J’ai trois livres préférés; je ne peux pas en choisir un seul. Ils m’ont guidée à différentes périodes pour différentes raisons. Le premier est « Oser dire non » d’Asha Phillips. Ce livre de psychologie de l’enfant m’a aidée dans mon rôle de mère ainsi que dans ma vie professionnelle, car j’ai de la difficulté à dire non. Le second est « Découvrez vos points forts » de Tom Rath. Le test et le livre m’ont permis d’améliorer mes capacités. Le dernier, mais non le moindre, est « Intuition : comment réfléchir sans y penser » par Malcolm Gladwell. Les pires décisions que j’ai prises sont celles où je n’ai pas écouté mon intuition; ce livre explique ce concept et l’importance de « s’écouter soi-même ».